Interview de Pascale Quentin, présidente de l'association, par Nassera LOUNASSI de l'Aisne Nouvelle

Il y a deux ans, on a diagnostiqué un cancer du sein à Pascale Quentin. Après des interventions et des séances de chimiothérapie, la présidente de Diamant rose est aujourd’hui en phase de rémission. Elle revient sur son parcours et sur l’objectif de l’association.

Comment est né Diamant rose ?

Le docteur Saphores a vu, un jour, un reportage à la télé sur des Rémoises atteintes de cancer qui participaient à une course en dragon boat. Grâce au sport, il apparaît qu’il y a 20% de récidive en moins. Marc Saphores et Naoum Sader, gynécologue et chirurgien du sein au centre hospitalier, m’en ont parlé. C’est comme ça qu’est née l’idée de cette association qui s’adresse aux femmes atteintes d’un cancer quel qu’il soit, quel qu’en soit le stade.

Il n’existait rien dans ce domaine-là jusqu’à présent ?

Au centre hospitalier, il existe l’APA (Aide personnalisée à l’activité physique) qui consiste à mettre sur pied des séances de sport les mardi, mercredi et jeudi pour toutes les personnes ayant eu un cancer. Ça dure 36 semaines. Mais après ça, plus rien… Quand on sait que la reprise d’activités physiques en groupe permet une reconstruction physique et morale de la femme, on ne pouvait pas ne rien faire.

Quelle(s) activité(s) physique(s) allez-vous lancer justement ?

Je suis allée à l’assemblée générale du canoë-kayak. Le président du club, Claude Leleu, nous a donné l’autorisation de nous entraîner là-bas. Nous ferons du dragon boat. Mais pas seulement. On envisage également de proposer de la marche, de la gym et du Pilâtes. On projette aussi de mettre en place des groupes de paroles. Un coiffeur et une esthéticienne viendront enfin nous donner des conseils.

Parce qu’il faut rester féminine malgré la maladie, c’est cela ?

Absolument. Avec la chimiothérapie, on perd ses cheveux, ses cils, ses sourcils. Et lorsque vous n’avez plus de cheveux, il faut se raser la tête. Puis, ensuite, on perd ses ongles, on gonfle car on fait de la rétention d’eau. C’est terrible de subir tout cela, c’est une atteinte à sa féminité. Il faut donc continuer à prendre soin de soi.

Vous prévoyez également la création de groupes de paroles. Est-ce tabou de parler du cancer aujourd’hui ?

On en parle de plus en plus. C’est une maladie que l’on soigne de mieux en mieux et dont on guérit. Malgré tout, on s’aperçoit que ce n’est pas toujours évident d’en parler à ses proches. Même si le psy nous apporte une certaine aide, il ne peut pas se mettre à notre place. Il y a des choses qu’on ne peut partager que parce qu’on les a vécues.

Le cancer se soigne de mieux en mieux certes. Mais lorsqu’on vous annonce que vous en souffrez, arrive-t-on à éluder la mort ?

Quand on vous annonce que vous avez un cancer, vous vous prenez une claque et vous vous dîtes pourquoi moi? Il faut d’abord digérer la nouvelle… Pour autant, pendant les traitements, je n’ai jamais pensé à la mort car j’étais tellement prise par mon combat contre la maladie. C’est une fois que tout était terminé que j’y ai songé, qu’il y a eu un contrecoup… Pour éviter de s’enfermer là-dedans, il faut sortir de chez soi, s’aérer l’esprit et faire du sport.

Informations complémentaires à retrouver ici : http://www.aisnenouvelle.fr/region/saint-quentin-se-reconstruire-apres-un-cancer

Retour en haut